Voici une interview publiée dans le magazine Traders’ du mois de janvier 2014, que vous pouvez également retrouver au format PDF en fin de page :
TRADERS´: Comment avez vous découvert le trading ?
JV : J’ai commencé à m’intéresser aux marchés vers 13-14 ans. Mon père était abonné à des journaux financiers et gérait un PEA. Le fait de voir des variations de l’ordre de 7 à 10% en une séance notamment dans les années 1997), m’a fasciné. Cela a été une passion dès le début. Je me suis vite intéressé à l’économie en général et à la vie des sociétés en particulier. J’ai donc commencé à acheter des valeurs. C’est comme cela que je suis venu progressivement au trading. J’ai toujours aujourd’hui un attrait particulier pour les actions car derrière la valeur il y a l’aspect stratégique, l’aspect fondamental, le développement, le secteur… C’est cette formation personnelle et pratique, ainsi que mes études économiques et financières par la suite, qui m’ont permis d’intégrer le milieu professionnel de la finance.
TRADERS´: En tant qu’analyste indépendant et trader pour compte propre, comment avez-vous développé votre méthodologie de trading ?
JV : La pratique personnelle, les difficultés rencontrées sur les marchés, les recherches et les lectures m’ont permis de construire une approche de trading. De plus, ayant passé 5 années au sein du cabinet d’analyse technique Day by Day, je me suis imprégné de l’analyse chartiste traditionnelle, ce qui m’a notamment permis de comprendre les tendances, l’interaction entre l’offre et la demande, savoir quand une tendance est en phase de s’essouffler, de se retourner et de s’inverser. Le cabinet Day by Day a constitué la pierre angulaire de mon approche de trading et de la lecture des graphiques.
TRADERS´: Comment définiriez-vous votre méthodologie aujourd’hui ?
JV : Ma priorité aujourd’hui est de faire du trading et de la gestion. Je travaille sur l’amélioration de mon track record pour à terme faire de la gestion pour compte de tiers. Je suis un suiveur de tendance. J’essaie de rentrer quand la tendance démarre. J’affectionne particulièrement les sorties de consolidation sur actions. Lorsqu’une consolidation est longue et propre, c’est-à-dire lorsque l’on a un niveau clair qui contient les cours, dès lors que ce niveau cède et que l’on constate une augmentation des volumes, cela donne généralement lieu à une accélération et une entrée en phase de tendance. C’est à ce moment que le signal est le plus précis, et que le ratio rendement/risque est le plus confortable. En effet, à partir du moment où le mouvement part, notre position est aussitôt en gain et il n’y a plus qu’à accompagner le mouvement.
TRADERS´: Sur quel type de marché traitez-vous ?
JV : Je travaille à 80% sur Euronext Paris, Bruxelles et Amsterdam. C’est un marché suffisant, je n’ai pas besoin d’aller sur d’autres marchés. En effet, j’ai une étendue de valeurs suffisantes pour travailler une gestion de portefeuille au jour le jour. Les 20% restant sont pour les cas où une opportunité se profile (action hors Europe, contrats futures, forex).
TRADERS´: A contrario, quels sont les marchés sur lesquels vous êtes moins à l’aise ?
JV : Je traite peu le forex car les signaux d’entrée n’offrent pas la même pertinence. On n’a pas de niveaux de consolidation, ni de figures chartistes extrêmement nettes qui donnent lieu à de fortes accélérations.
TRADERS´: Quelle est votre routine de trading journalière ?
JV : Que ce soit sur une base hebdomadaire ou sur moyen terme, j’ai toujours une vision du comportement des indices. Il est important de savoir qu’elle est la tendance de fond, quel est le secteur, avant de pouvoir choisir une valeur. Tous les jours, je regarde les tendances des
principaux marchés (CAC, DAX…), puis avant l’ouverture je lis Les Echos et je regarde les news qui vont impacter les marchés, puis je place mes alertes. Par exemple, un de mes outils m’indique tous les plus hauts et les plus bas en séance. Si, par exemple le CAC est en tendance baissière et que des valeurs surperforment l’indice, je vais vérifier en détail le volume ainsi que les signes de consolidation… Si une valeur surperforme alors que le marché dévisse, elle risque de grimper encore plus lorsque le CAC se retournera. Pour rechercher une valeur, je regarde donc à la fois les éléments fondamentaux et techniques.
TRADERS´: Y a t’il des configurations que vous privilégiez ?
JV : Je vais privilégier toutes les sorties de consolidation, comme les trading range ou les sorties de biseaux. Ce sont des configurations qui fonctionnent bien.
TRADERS´: Faites-vous du scalping, du day-trading ou du swing?
JV : Je fais essentiellement du day et swing trading avec des durées d’exposition en moyenne de 2 à 3 jours. Il y a parfois des mouvements qui vont très vite, quelques heures ou minutes, et d’autres qui vont durer quelques semaines. Sur un portefeuille d’indice base 100, je vais constituer des lignes de 10% du capital, jusqu’à 15 ou 20% en fonction de la conviction. Je peux être plus ou moins investi en fonction de la configuration du marché. Lorsqu’un indice est entre deux phases, c’est-à-dire haussier depuis 4 mois mais tout en montrant des signes de retournement à court terme, on va acheter les valeurs qui sont en phase de hausse et qui surperforment. A l’inverse, on va vendre les titres qui sont plus fragiles. On peut avoir des long / short et être très à l’aise en fi n de journée tout en étant exposé over-night. Que le marché parte à la hausse ou à la baisse, je ne suis pas exposé massivement dans un seul sens.
TRADERS´: Utilisez-vous des logiciels spécifiques ?
JV : J’utilise ProRealTime pour le suivi de marché, un pour les actions et un pour les indices, futures et CFD. J’utilise également Mtr@sys qui à partir de toutes les données Euronext permet d’avoir tous les plus hauts et plus bas. Enfin, je me sers également de feuilles Excel pour calculer la taille de la position en fonction du risque pour affiner la stratégie et gérer au quotidien les positions.
TRADERS´: Comment protégez-vous votre capital ?
JV : Tout d’abord, j’estime qu’il ne faut pas engager plus de 1.5% du capital par opération. Si je suis confiant sur la tendance des indices, je vais alors pouvoir engager un pourcentage du capital plus important qu’en phase de consolidation ou de troubles. Il y a des phases où la confiance des investisseurs est bonne et où on peut donc gérer en fonction du comportement des marchés. Comprendre le contexte et la confiance du marché va influencer ma façon de gérer. Comme je suis un suiveur de tendance, je m’adapte en fonction des phases du marché.
TRADERS´: Comment vous assurez-vous d’être majoritairement en gain ?
JV : Je réfléchis beaucoup en terme de conviction tant sur le plan fondamental que technique. Par exemple, si la majorité des analystes financiers estiment qu’un dossier est sous-valorisé, si je partage également cette conviction et que j’ai la confirmation du point technique, alors je vais être beaucoup plus à l’aise pour avoir une forte exposition et pour avoir de la patience. Car il faut de la patience pour accompagner une tendance le plus longuement possible.
TRADERS´: Prenez-vous du levier ?
JV : Je prends du levier sur l’exposition globale du portefeuille mais rarement sur un seul titre. Si je prends du levier ce sera de façon modérée (rarement plus de 2).
TRADERS´: Quel conseil pourriez-vous donner à nos lecteurs ?
JV : Pour moi la psychologie est le nerf de la guerre en trading. L’analyse technique n’est pas suffisante à elle seule. L’aspect psychologique est crucial. De mon côté, j’ai utilisé plusieurs approches sur la psychologie comme l’hypnose ou encore la méditation. Le plus important est de se connaitre, de travailler sur soi, de se demander ce que l’on attend des marchés, et pourquoi on traite sur les marchés,… On ne gagne pas de façon naturelle sur les marchés. Ce travail sur soi est primordial.
